Amandine PIQUEREY – Diététicienne Nutritionniste Pathologie Comment l’alimentation peut aider à la gestion de l’endométriose au quotidien ?

Comment l’alimentation peut aider à la gestion de l’endométriose au quotidien ?

L’endométriose est une maladie chronique, inflammatoire et hormonodépendante qui touche près d’1 femme sur 10, soit des millions de femmes à travers le monde. Caractérisée par la présence de tissu semblable à l’endomètre en dehors de l’utérus, elle provoque des douleurs intenses, des règles abondantes avec pour certaines des cycles irréguliers, une fatigue chronique, des troubles du transit et parfois des problèmes de fertilité.

Bien que les traitements médicaux existent, l’alimentation peut aussi jouer un rôle crucial dans la gestion des symptômes. Et quoi de plus normal ? Nous mangeons 3 à 4 fois par jour, et cela 365 jours par an. Il est donc logique que ce que nous ingérons ait une influence sur notre corps. Et s’il était également possible de mieux vivre l’endométriose grâce à l’alimentation ?

Lien entre alimentation et endométriose

Actuellement, les traitements pour soulager les patientes atteintes d’endométriose consistent pour la plupart à des traitements hormonaux visant à stopper les règles, des traitements contre la douleur et parfois des chirurgies pour enlever les lésions trop invalidantes. L’alimentation n’a encore que peu sa place dans la prise en soin de cette pathologie chronique et inflammatoire, et c’est bien dommage. L’alimentation ne peut être considérée comme un traitement de l’endométriose mais vient s’inscrire dans une prise en soin pluridisciplinaire. Ce n’est pas une solution miracle et les bénéfices peuvent parfois se faire attendre, décourageant quelquefois les patientes douloureuses.

La fréquence de nos repas ne peut avoir qu’un impact sur notre santé et encore plus lors d’une affection chronique. L’équilibre alimentaire y a toute sa place.

Mais pas que…

La micronutrition et l’utilisation de plantes peut également venir en soutien.

L’hygiène de vie dans sa globalité entre également en compte : notre corps est un organisme complexe et on ne peut considérer qu’un seul organe, mais bien le corps dans son ensemble.

« Mens sans in corpore sano », un esprit sain dans un corps sain et je rajouterai, avec un microbiote intestinal sain !

Un travail sur le sommeil, l’activité physique, la gestion du stress, les carences micronutritionnelles et l’alimentation évidemment, est la base d’un suivi diététique réussi dans la prise en soin de l’endométriose !

Les grands principes de l’alimentation dans le cadre de l’endométriose

Peu d’études sur le sujet ont été faites jusqu’à présent. Il n’existe donc encore pas de recommandations nutritionnelles officielles pour les femmes atteintes d’endométriose. Grâce à l’expérience des femmes atteintes d’endométriose, il semble toutefois que certaines familles d’aliments soient à privilégier tandis que d’autres sont à limiter. Ce ne sont que des résultats issus d’observation qui ne peuvent démontrer un lien de causalité entre amélioration des symptômes et alimentation.

L’alimentation dite « anti-inflammatoire » basée en grande partie sur le régime méditerranéen serait bénéfique pour atténuer les symptômes de l’endométriose.

Même si ce n’est pas miracle, mieux manger sera toujours bénéfique pour la santé. A chacune de trouver l’équilibre qui lui va le mieux et qui respecte au maximum sa santé et son plaisir !

Une exclusion totale d’une classe d’aliments n’est à envisager qu’après la certitude que les aliments incriminés sont responsables des inconforts.

Rappelons qu’une éviction de trop d’aliments peut conduire à des carences et un appauvrissement du microbiote intestinal à moyen ou long terme, ce qui peut avoir des répercutions tout aussi dramatique sur l’état de santé global. Demandez conseil à des professionnels de santé compétents avant de vous lancer !

Les bénéfices attendus

  • Réduction de l’inflammation

L’endométriose est largement associée à une inflammation chronique, contribuant aux douleurs et à une fatigue chronique. Par conséquent, réduire l’inflammation par l’alimentation est une stratégie clé pour gérer les symptômes.

  • Équilibre hormonal

L’endométriose est une maladie hormonodépendante, influencée par les niveaux d’œstrogène et de progestérone dans le corps. Une alimentation peu transformée, dont les additifs, conservateurs et pesticides ou perturbateurs endocriniens sont exclus permet de maintenir un équilibre hormonal sain et de ne pas aggraver les symptômes de l’endométriose.

  • Santé du microbiote intestinal

Le microbiote intestinal, souvent appelé le « deuxième cerveau », joue un rôle clé dans la régulation du système immunitaire et de l’inflammation. Des déséquilibres dans le microbiote intestinal peuvent contribuer à l’inflammation du corps, induire des troubles intestinaux et dans certains cas, des intolérances alimentaires dues à une hyperperméabilité intestinale.

Les aliments riches en fibres prébiotiques (comme les légumes, les fruits et les grains entiers, servant de « nourriture » pour les bonnes bactéries du microbiote intestinal) ainsi que les probiotiques (comme le yaourt naturel et les aliments fermentés comme le kéfir ou la choucroute) peuvent favoriser un microbiote intestinal sain et réduire l’inflammation.

Les aliments à privilégier

  • Des fruits et légumes de saison, en variant les couleurs et les modes de cuisson, pour leur apport en antioxydants et vitamines, minéraux. Si possible, choisir le bio autant que possible pour limiter les pesticides, reconnus comme des perturbateurs endocriniens.
  • Les céréales et farines riches en fibres (complètes ou semi-complètes). Notre alimentation en est souvent pauvre. Il est recommandé de consommer 30g de fibres par jour.
  • Les aliments riches en oméga-3, comme les huiles végétales (lin, cameline, chia, colza) non cuites et leurs graines. Les poissons gras sont également une bonne source d’oméga-3 pour celles qui en consomment.
  • Introduire plus régulièrement les légumineuses dans les assiettes : riches en fibres et en minéraux, elles sont en plus peu onéreuses et se déclinent de mille façons. Les quantités sont à doser en fonction de la tolérance intestinale.
  • Les aliments fermentés pour booster le microbiote intestinal. Testez le kéfir, le kimchi, le kombucha ou encore le miso !
  • Les épices telles que le curcuma, le gingembre, la cannelle. De quoi mettre de la couleur et des saveurs à vos plats, réduisant vos apports en sel ou en sucre. Un petit voyage pour vos papilles et des vertus anti-inflammatoires vous attendent.
  • Le thé vert, bio, et en vrac de préférence pour garder toutes ses vertus sans les inconvénients.

Les aliments à limiter

  • Le sucre et les produits sucrés : lever le pied sur les sodas, bonbons, gâteaux et biscuits industriels… qui parfois nous accompagnent lors des crises douloureuses ou nos syndromes prémenstruels. Trouver un peu de réconfort avec des fruits frais et des boissons chaudes ou dans des routines bien-être, rentrera bientôt dans vos nouvelles habitudes.
  • Les acides gras trans, précurseurs de l’inflammation, présents principalement dans les plats frits et industriels, et les graisses dites hydrogénées. Les acides gras saturés ou les oméga-6 sont également à limiter.
  • Limiter la consommation de viande rouge, riche en graisses saturées, mais également la consommation de charcuterie, voire les substituer par des sources de protéines végétales comme les légumineuses, riches en fibres.
  • Le sel, et les produits industriels riches en sel ajouté. Evidemment, les chips, qui cumulent le sel, les graisses trans et les farines raffinées sont évidemment à fortement limiter. Les légumes à croquer et les noix (non salées) vous accompagneront maintenant lors de vos apéritifs !
  • Le gluten, au cas par cas, selon la tolérance digestive de chacune. Le gluten fait parler de lui actuellement. Il s’agit de faire le tri dans tout ce qui est dit et écouter son corps.
  • Les produits laitiers, selon la tolérance de chacune encore une fois. C’est ici souvent une histoire de digestion du lactose, souvent difficile chez les adultes. Mais pas que, à discuter lors d’une consultation diététique !
  • L’alcool et le café peuvent également augmenter l’inflammation, notamment au niveau digestif. A remplacer par d’autres sources d’hydratation, comme le thé, les infusions, la chicorée ou l’eau tout simplement !

Quid du soja ? Aucune étude ne montre une influence négative de la consommation de soja sur l’évolution de l’endométriose. Il semblerait même qu’il y ait pour certaines femmes une diminution des symptômes.

Une alimentation pauvre en FODMAPs ?

Parfois, les atteintes digestives peuvent provoquer ce qu’on appelle le syndrome de l’intestin irritable (SII) ou du moins des symptômes s’en approchant. Il peut être intéressant de vérifier si ce type d’alimentation apporte une amélioration à votre état de santé.

Cette alimentation très restrictive doit se faire de manière adaptée, sur un temps relativement court, et encadrée par un professionnel de santé compétent, sans quoi des carences alimentaires et un appauvrissement du microbiote intestinal peuvent aggraver les symptômes après une amélioration de l’état.

Si vous souhaitez tester cette alimentation, faites-vous suivre par un professionnel de santé formé !

Chaque patiente est unique, son alimentation aussi

Mieux gérer l’endométriose par l’alimentation peut être un plus dans la prise en soin de cette pathologie chronique, inflammatoire et hormonodépendante. Chaque femme est unique, il est donc normal que son alimentation le soit aussi. Ce qui fonctionne chez l’une ne fonctionnera pas forcément chez l’autre. Trouver son équilibre alimentaire passe par une meilleure connaissance de soi et de son corps.

Travailler avec un professionnel de santé est indispensable pour élaborer l’alimentation qui vous convienne en tenant compte de vos particularités, de votre mode de vie et de vos préférences alimentaires. La manifestation de vos symptômes d’endométriose entre également en compte ainsi que votre état de santé global.

Alimentation végétale et endométriose

Certaines femmes sont tentées par la végétalisation de leur alimentation lorsqu’elles se penchent sur l’alimentation anti-inflammatoire. En effet, cette alimentation vise à limiter la consommation de viande et réduire les produits laitiers. Il n’y a donc plus qu’un pas pour passer à une alimentation végétarienne, voire végétalienne.

Faisons ensemble le tour de la question.

Une alimentation végétarienne reprend les bases de l’alimentation anti-inflammatoire, en excluant cette fois-ci les produits animaux (viande, poisson) mais également œufs et produits laitiers pour une alimentation végétalienne. Il serait donc normal que les résultats sur la santé soient encore meilleurs que pour une alimentation de type méditerranéenne, les familles d’aliments à limiter étant exclues.

On s’attend donc à :

  • Une réduction de l’inflammation
  • Une amélioration de la santé hormonale
  • Une meilleure santé intestinale
  • Une meilleure gestion du poids

Oui mais, parce qu’il en faut au moins un, voire plusieurs.

  • Tout d’abord, végétaliser son alimentation n’est pas forcément inviter davantage les fruits et légumes dans les assiettes. Ce n’est pas un réflexe chez toutes, surtout si les intestins ne les apprécient pas. Les huiles et graines riches en oméga-3, ces pompiers de l’inflammation, ne sont pas non plus quotidiennement au rendez-vous. Alors la réduction de l’inflammation ne sera pas forcément évidente.
  • Les fibres ne sont pas non plus forcément plus présentes : toutes ne consomment pas des légumineuses ou encore des céréales complètes ou semi-complètes, toujours pour des raisons de digestibilité intestinale.
  • Manger végétal n’implique pas nécessairement de manger bio ou sans aliments ultra-transformés. Les perturbateurs endocriniens comme les pesticides, certains additifs ou conservateurs peuvent toujours faire partie de l’alimentation.
  • La consommation de produits fermentés riches en probiotiques ne fait pas réellement partie de notre mode d’alimentation occidentale, contrairement aux populations asiatiques par exemple (kimchi, miso, tempeh, kumbucha…). Si des desserts végétaux remplacent les yaourts (source la plus commune de probiotiques en France), ils ne sont pas toujours source de probiotiques, les fameux ferments lactiques.
  • Quant à la gestion du poids, parlons-en. Si vous remplacez la portion de viande ou de poisson par plus de féculents, autant vous dire que vous ne perdrez pas de poids ! Et pourtant, c’est ce que font certaines instinctivement parce qu’elles ont plus faim et ne savent pas par quoi remplacer les protéines animales, qui participent à la gestion de la satiété.

Les risques pour la santé

Comme toute alimentation dans laquelle il y a des exclusions de familles d’aliments, il est essentiel de porter une attention sur les points suivants, bien connus des végéta*iens :

  • Apprendre à introduire des protéines végétales de qualité  quotidiennement pour remplacer les protéines animales. Il ne s’agit pas juste d’enlever ces dernières de l’assiette. Repenser ses repas s’apprend.
  • Se supplémenter correctement en vitamine B12, exclusivement présente dans les produits animaux. Une carence peut survenir rapidement, provoquant notamment des troubles neurologiques et une anémie.
  • Veiller à un apport suffisant en iode, calcium et vitamine D. Ni trop peu, ni pas assez. Le faire seule comporte des risques, parlez-en à votre professionnel de santé.

C’est la raison pour laquelle il est essentiel de se faire suivre par un professionnel de santé formé à ce type d’alimentation. Il serait bien dommage d’aggraver son état de santé par une mauvaise alimentation pleine de bonnes intentions.

Attention à la charge mentale

Avant même de vous lancer dans cette nouvelle aventure, posez-vous cette question :

« Suis-je prête à m’impliquer dans ce changement d’alimentation qui me demandera dans un premier temps de planifier mes repas ? Et comment vais-je faire quand mange à l’extérieur, pendant mes repas avec mes amis, ma famille ? »

Cette alimentation peut isoler par incompréhension de l’entourage ou d’option végétale dans les restaurants. L’endométriose isole parfois aussi. Le supporterez-vous émotionnellement ? N’oubliez pas de penser à vous, à votre bien-être, cela passe par moins de stress et du lâcher-prise.

« Est-ce le bon moment pour moi ? » Si la réponse est « oui » alors foncez, bien accompagnée pour effectuer cette transition en douceur et en sécurité avec quelqu’un qui vous motivera et vous encouragera dans les moments de doute. Une diététicienne est aussi là pour ça !

La supplémentation, pourquoi ?

Le corps humain est une machine formidable dont un des principaux carburants est l’alimentation, mais qui a besoin de vitamines et minéraux pour bien fonctionner, lui permettant de réaliser les réactions chimiques avec efficacité. Lorsque des carences en certains minéraux et vitamines se sont installées, le corps fonctionne alors au ralenti, donnant la priorité à ce qui permet de vivre. Il met en sourdine les éventuelles « réparations », le système de défense et économise l’énergie au maximum. Un fatigue peut alors s’installer, on attrape toutes les maladies qui trainent et les blessures mettent plus de temps à guérir, l’inflammation persiste.

Il est essentiel de faire un bilan annuellement pour s’assurer que tous les compteurs sont au vert, que les vitamines et minéraux sont à un taux suffisant, surtout si l’alimentation est restrictive sur certains aliments. Notre corps envoie des signaux, à nous de les écouter !

Si une carence est détectée, une supplémentation peut être proposée par votre professionnel de santé. Dans le cadre de l’endométriose, il est important de surtout surveiller le fer en cas de règles abondantes, la vitamine D, le zinc et le magnésium. Une supplémentation en oméga-3 peut également être proposée si les apports alimentaires ne sont pas suffisants.

Veillez à consulter un professionnel de santé avant de débuter tout type de supplémentation, pour vous assurer de la pertinence et des compléments appropriés à votre cas personnel.

Consultations en diététique: un soutien personnalisé

Je sais combien il est important que l’alimentation soit personnalisée pour la gestion de l’endométriose. Chaque femme est unique et ses besoins nutritionnels aussi. Les consultations en visio vous offrent l’opportunité de travailler directement avec moi depuis le confort de votre maison ou depuis n’importe quel endroit, pour développer un plan alimentaire adapté à vos besoins spécifiques, pour vous aider à gérer vos symptômes d’endométriose de manière efficace, en se basant sur les dernières recherches scientifiques. En collaborant avec moi, le protocole de prise en soin vise notamment à :

  • Mettre en place des actions concrètes visant à apaiser le corps pour mieux le nourrir.
  • Apaiser l’intestin pour mieux profiter de l’alimentation.
  • Trouver un équilibre alimentaire permettant d’allier plaisir et santé, pour réduire la douleur et l’inconfort.
  • Identifier les déclencheurs alimentaires potentiels des symptômes de l’endométriose.
  • Intégrer des aliments et des suppléments bénéfiques pour soutenir votre équilibre hormonal et votre bien-être intestinal.
  • Apprendre à planifier des repas équilibrés pour anticiper les crises douloureuses ou les apaiser.

Contactez-moi

Pour commencer votre parcours vers une meilleure gestion de l’endométriose à travers l’alimentation, n’hésitez pas à me contacter pour une consultation en visio. Je suis là pour vous aider à atteindre vos objectifs de santé et de bien-être. Ensemble, nous pouvons élaborer une stratégie nutritionnelle qui fonctionne pour vous.

Amandine PIQUEREY

Diététicienne-Nutritionniste


Sources

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